Election présidentielle. Fru Ndi, Kah Walla, Ndam Njoya, Bernard Muna, Ayah Paul, Jean de Dieu Momo, et Albert Dzongang ont signé une déclaration.

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Sept candidats à la présidentielle se sont réunis hier au siège de l’Udc à Yaoundé pour demander l’annulation de l’élection présidentielle. 
Convaincus que les résultats donneront Paul Biya vainqueur, Fru Ndi, Kah Walla, Ndam Njoya,Bernard Muna, Ayah Paul, Jean De Dieu Momo et Albert Dzongang préviennent « dans le cas où le conseil constitutionnel refuse d’annuler cette mascarade électorale et persiste à déclarer les résultats », ils appelleront le peuple « à venir massivement manifester en faveur de leur droit de participer à des élections libres et transparentes ». 

En droite en ligne avec les recours déposés mercredi dernier à la Cour suprême, ces différents candidats à la dernière élection présidentielle dénoncent les nombreuses irrégularités et les « graves » cas de fraude observés le 9 octobre dernier. Dans le collimateur de ces partis de l’opposition, Paul Biya, le Rdpc, les préfets et gouverneurs, Belinga Eboutou, Pauline Biyong, pour ne citer que ceux-là. 

Elecam est accusé d’être à l’origine de tous les dysfonctionnements observés dans le déroulement de l’élection. C’est la raison pour laquelle dans la déclaration de Yaoundé, ces leaders de partis politiques signalent qu’ « afin de prévenir une crise sociale grave, nous demandons la révision de la loi électorale et dans un délai de six mois d’un nouveau système électoral qui sera véritablement indépendant et accepter par tous et qui devra conduire la nouvelle élection ». 

Eite Elessa Mbassi 



Le décompte est terminé 

Processus. La commission nationale de recensement général des votes a achevé ses travaux hier à la bibliothèque de la Cour suprême. 

Depuis jeudi dernier, les travaux de la commission nationale de recensement général des votes se déroulent en public. Mais hier, après avoir achevé le décompte des voix d’Arabie Saoudite, et du Brésil, pour la diaspora, et celles du département de la Meme, dans le Sud-Ouest, pour l’intérieur du pays, les membres de la commission ont poursuivi les travaux à huis clos. Ces derniers procédaient ainsi aux totaux desquels ressortaient le nombre de voix remporté par chaque candidat lors de la dernière élection. De même que le nombre d’inscrits, le nombre de votants, le pourcentage de participation, les bulletins nuls, les suffrages valablement exprimés, et le taux d’abstention. 

La suite du processus concerne la Cour suprême, agissant comme Conseil constitutionnel, qui va examiner les recours. En effet, demain à 10h, la commission nationale de recensement générale des votes procèdera à la restitution de ses travaux aux membres de la Cour suprême. Hier déjà, vers 18h, Issa Tchiroma Bakary, le ministre de la Communication, a fait un bref passage dans la salle des travaux. La commission venait tout juste de finir sa concertation. 

Par ailleurs, depuis quelques jours l’on observe des travaux de réfection de la devanture de la Cour suprême. Aussi, des jeunes filles, visiblement des hôtesses, ne passent pas inaperçues le long du couloir qui mène à la salle d’audience de la Cour suprême où elles répètent quelques mouvements et attitudes à longueur de journée. Des signes annonciateurs de la préparation de la prestation de serment du président de la République. 

Eitel Elessa Mbassi 



Les recours examinés demain 

Contentieux. Au total, 20 demandes en annulation de l’élection du 9 octobre ont été déposés à la Cour suprême. 

L’audience en vue de l’examen des recours en annulation totale ou partielle de l’élection présidentielle du 9 octobre dernier aura lieu demain. D’après un communiqué qui a été rendu public hier, cette audience va s’ouvrir à la Cour suprême à Yaoundé à partir de 9h30. Au lendemain du scrutin, 20 recours ont été déposés aux greffes de la Cour suprême par les candidats Dzongang Albert (La Dynamique), Muna Acho Bernard (Afp), Ekindi Jean-Jacques (Mp), Ekanè Anicet (Manidem), Walla Edith Kahbang (Cpp), Ndam Njoya Adamou (Udc), Tabi Owono Joachim, Ayah Paul Abine (Pap), Momo Jean de Dieu (Paddec), John Fru Ndi (Sdf). La Coordination associative des personnes handicapées âgées et autres couches sociales vulnérables de Makak (Cahpam), une Ong, a également demandé l`annulation partielle du scrutin. 

La semaine dernière, Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères q déclaré que la Cour suprême du Cameroun doit examiner "dans la transparence et l`équité" les recours en annulation de l`élection présidentielle déposés par dix candidats et la France "y sera très attentive". 

La Cour suprême siège ainsi en lieu et place du Conseil constitutionnel qui, prévu par la Constitution, n’a jamais été mis sur pied. D’après l’article 31 de la loi fixant les conditions d’élections et de suppléance à la présidence de la République : 
« Le Conseil Constitutionnel veille à la régularité de l’élection présidentielle. 
A ce titre, il vérifie les opérations électorales au vu des procès-verbaux et des pièces annexes, transmis par la commission nationale de recensement général des votes. 

(2) En cas de réclamation ou de contestation portant sur la régularité de l’élection, le Conseil Constitutionnel est saisi dans les conditions fixées par les articles 93 à 97 ci-dessous. 

(3) Le Conseil Constitutionnel arrête et proclame les résultats de l’élection conformément aux dispositions des articles 98 et 100 ci-dessous. 

« (4) Il dresse procès-verbal en double exemplaires de toutes ces opérations et en conserve l’original, l’autre exemplaire étant transmis au Ministre chargé de l’Administration Territoriale. Chaque candidat reçoit copie dudit procès-verbal ». 

Jules Romuald Nkonlak 



La déclaration de Yaoundé 

Nous, leaders des partis politiques, candidats à l`élection présidentielle et signataires de la présente, déclarons : 

1. Que le peuple camerounais revendique depuis des décennies la tenue des élections libres, justes et transparentes organisées par une commission électorale indépendante ; 

2. Qu`après plus de vingt ans de lutte, ce peuple a obtenu, en lieu et place, l`organe non indépendant, dénommé Elections Cameroon, ELECAM dont les textes le régissant ont été décriés par la communauté nationale et la société internationale, 

3. Que pour parachever le verrouillage de cet organe, il y a eu : · La nomination, par un acte du Président de la République, Président du RDPC, des 12 membres du Conseil et du Directeur Général d`ELECAM tous militants et membres du bureau politique et du comité central 

de son parti et, ce n`est qu`après leur nomination qu`ils ont démissionné pour la forme de leur formation politique 


· La nomination à travers tout le pays des militants RDPC comme responsables régionaux, chefs d`agences et d`antennes d`ELECAM. 

4. Que ce sont ces derniers qui vont choisir les présidents des bureaux de vote parmi les militants du RDPC ; 

5. Que tout cela a été décrié et contesté par des partis politiques d`opposition, par la société civile, par les camerounais sans suite. 

6. Dès lors, ce fut sans surprise qu`à quelques jours du vote, un membre d`ELECAM ait été relevé de ses fonctions par décret présidentiel pour une faute lourde, à savoir l`exécution du contrat de communication pour le candidat sortant, Monsieur Paul Biya. 

7. Les partis politiques responsables et soucieux de la paix ont néanmoins demandé aux citoyens d`aller s`inscrire massivement sur les listes électorales et de voter le moment venu ; 

8. Que quelques jours seulement avant le 09 Octobre, jour du vote, nous nous sommes rendus à l`évidence : 

· que moins de 30% des cartes d`électeurs étaient effectivement remises à leurs propriétaires légitimes et surtout, nous avons pu constater le non fonctionnement des commissions départementales de supervision chargées de la distribution des cartes et de connaître des récriminations des électeurs conformément à l`article 24 de la loi n°92/010 du 17 Septembre 1992 fixant les conditions d`élection et de suppléance à la présidence de la République. 

· qu`en plus des innombrables doublons, il a été remarqué que des personnes décédées n`avaient pas été radiées du fichier électoral qui s`est avéré être l`ancien fichier électoral établi par le Ministère de l`Administration territoriale, ignorant purement et simplement tout le travail de nettoyage fait par les commissions mixtes où sont représentées les formations politiques. 

En bref, le non respect des textes et tous ces dysfonctionnements nous ont conduits à l`évidence de l`incapacité d`Elections Cameroon à organiser l`élection présidentielle querellée de manière libre, juste et transparente. C`est ainsi que certains d`entre nous avaient adressé en date du 06 Octobre 2011, auprès de la Cour Suprême siégeant comme Conseil Constitutionnel, une requête aux fins de constatation de l`incapacité d`ELECAM à mener à bien l`élection présidentielle du 09 Octobre 2011 conformément a l`article 41 de la loi n° 2006/011 du 29 Décembre 2006 qui stipule qu` « En cas de défaillance d`Elections Cameroon dûment constatée par le Conseil Constitutionnel, le Président de la République prend en vertu des dispositions de l`article 5 de la Constitution les mesures qu`il juge nécessaires pour y remédier ». Cette requête est restée sans suite. 9. Qu`au matin du 09 Octobre, l`environnement électoral s`est "affirmé chaotique avec d`innombrables irrégularités dont on peut citer quelques unes : 

· Plus de 70% des cartes d`électeurs n`ont pas été distribuées et par conséquent, la majorité de ceux qui s`étaient inscrits sur les listes électorales n`ont pas pu exercer leur droit de vote, et les cartes distribuées l`ont été par les militants du parti RDPC à des personnes ciblées : · Beaucoup de gens ont été pris en flagrant délit de fraude électorale sur l`ensemble du territoire national du fait de la détention de multiples cartes de vote; 

· Plusieurs présidents des bureaux de vote, militants du RDPC, ont utilisé les cartes électorales non retirées pour voter Monsieur Biya, bourrant ainsi les urnes de plusieurs bulletins de vote en sa faveur ; pour atteindre leur fin avec la complicité de bien des autorités administratives et traditionnelles, ils ont écarté les scrutateurs des autres candidats, les empêchant de vérifier des pièces présentées avant le vote, favorisant ainsi les votes multiples, sans cartes nationales d`identité, avec les récépissés, le vote des mineurs, des étrangers et des personnes non inscrites. 

· Une mauvaise organisation matérielle, à dessein, couplée à un acheminement tardif du matériel électoral, a contraint beaucoup d`électeurs à une abstention forcée ; 
» En violation du code de bonne conduite, des bureaux de vote ont été installés dans les chefferies traditionnelles, dans les domiciles privés et dans les camps militaires avec des effectifs des électeurs dépassant tout entendement et le vote à cent pour cent du candidat du RDPC. Plus grave, certains bureaux de vote n`avaient pas de représentants d`ELECAM : · L`usage abusif et vexatoire des moyens de l`Etat par le candidat Biya pendant la campagne électorale et l`impartialité caractérisée des médias et plus particulièrement les médias d`Etat : · Des cartes électorales ont été établies à partir des listes dressées par les responsables RDPC en dehors des commissions mixtes légales et puis distribuées en dehors des commissions légalement chargées de le faire ,

· Des personnes décédées entre septembre 2007 et août 2011 figuraient toujours sur les listes et les cartes électorales ont été établies à leur nom : . Beaucoup de bureaux de vote ont ouvert à 14h30mn pour se refermera 18h ; 
Au regard de tout ce qui précède, nous, représentants des partis politiques signataires, déclarons qu`Elections Cameroon a failli complètement à sa mission d`organiser une élection libre, juste et transparente le 09 Octobre 2011, et par conséquent, rejetons tout résultat que pourra déclarer le Conseil Constitutionnel car nous sommes intimement convaincus qu`il n`ya pas eu élection présidentielle au Cameroun le 09 Octobre 2011. 

Au regard de l`Article 99 de la loi numéro 92/010 du 17 Septembre 1992 nous demandons au Conseil Constitutionnel d`annuler l`élection présidentielle du 09 Octobre 2011 suivant en cela les différentes requêtes que nous lui avons adressées dans ce sens. 
Dans le cas ou la Conseil Constitutionnel refuse d`annuler cette mascarade électorale et persiste à déclarer les résultats, nous appelons par la présente le peuple à venir massivement manifester en faveur de leur droit de participer à des élections libres et transparentes. 

Afin de prévenir une crise sociale grave, nous demandons la révision de la loi électorale et la mise sur pied dans un délai de six mois d`un nouveau système électoral qui sera véritablement indépendant et accepté par tous et qui devra conduire la nouvelle élection présidentielle. Nous assurons le peuple Camerounais que nous serons à ses côtés pendant les manifestations jusqu`à l`établissement d`une véritable commission électorale indépendante au Cameroun. 

Fait à Yaoundé, le samedi 15 octobre 2011 


Source :camerounlink.net

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